Venant d’une famille étrangement catholique, j’avais eu le loisir de grandir sous le joug de l’Eglise, entendant bien trop souvent parler de Dieu et de son fils. Je n’ai pour autant pas eu une éducation stricte comme les trop grand fervent de l’Eglise. Une chance d’une certaine façon, sinon, mes parents m’auraient déjà coupé les vivres et plus encore lors de la découverte de mon alter. Certains prétendent que c’est l’office du malin. J’ai pensé pendant un temps la même chose, à cause des effets de mon pouvoir. Impossibilité de participer encore à des concours de musiques et surtout à jouer tout simplement de la musique pour quelqu’un d’autre. Une passion qui s’envole, dont on est privé, même si bien trop souvent on nous critiquait dessus.

Et puis avec le temps et surtout, mon nouveau passe-temps, découvert avec mes amies au lycée, j’ai trouvé un avantage à ce pouvoir et l’est considéré un peu moins comme une prédiction de malheur. Bien qu’il m’aide à aller à l’encontre de l’un des douzes commandements. Tu ne voleras point. L’avantage, c’est qu’il m’évite d’en briser un autre, je ne tuerai point avec un tel alter. Pas comme certain qui en ont l’utilité pour tuer ou torturer. Je suis d’une certaine façon, une petite joueuse à ce niveau-là. Enfin, je m’égare.

J’expliquais tout cela pour légitimé ma présence en ce lieu saint. J’ignore même pourquoi, depuis mon arrivée dans cette ville, je n’ai point pris la peine de venir la visiter avant. Manque de temps ? Il est vrai que c’était mes parents qui me traînait à l’Eglise et que je n’y allais que de très rare fois toutes seules si jamais ils étaient absent pour X ou Y raisons. Juste pour me faire bien voir et cultiver cette image de fille sage et obéissant que je traine depuis bien trop d’année maintenant.

Hélas pour moi, en cette journée, l’intérieur de l’église se préparait pour un mariage et il m’était dès lors, impossible d’en profiter pour observer les artifices et pour peut-être même y adresser une prière pour le grand patron. J’avais néanmoins, l’opportunité de visiter la verrière. Un endroit réellement unique et splendide. Voilà donc où l’argent des fidèles est versés. Etait-ce réellement nécessaire d’aménager un tel lieu alors que dans la rue, l’on peut encore voir des mendiants ? Enfin, là, n’est pas le débat, après tout, ne suis-je pas là pour profiter de ce lieu à cet instant ?

Mon regard détail d’ailleurs le choix des espèces présentes en ce lieu et je suis obligée de reconnaître que je suis assez surprise de retrouver certaine plainte qui normalement ne devrait pas se retrouver dans cette partie-ci des États-Unis. Certes, je ne m’y connais pas particulièrement en botanique, mais comme tout un chacun, j’ai quelque notions quand même. Et il y a des espèces que je n’ai jamais eu le loisir d’observer avant.

Une voix me tire alors de mes réflexions intensives et je tourne la tête pour observer l’homme en tenue d'Église. C’est bien ma veine ça. “Bonjour mon père.” Soufflais-je alors doucement comme pour ne pas troubler la pseudo quiétude de ce lieu, alors même que l’on n’est pas dans la nef centrale et que l’on risque à peine de déranger quelque visiteur de cette serre.

“Il est en effet, fort aisé, de se perdre en contemplation dans cet endroit. Est-ce une tentative de votre part de recréer le jardin d’Eden ? “Question un peu curieuse, mais n’est-ce pas une obligation que de faire une référence à la bible quand on parle à un religieux ? “Le pommier y compris.” Lançais-je alors, comme une petite blague alors que j’observe la pomme qu’il tient en main.

Mon regard suit le mouvement de la pomme alors qu’il l’élève un peu, pour montrer, peut-être à des potentiels curieux, que le fruit est réellement au centre de notre discussion, ou presque. Après tout, la pomme est et restera toujours associé au jardin d’Eden. “Aujourd’hui ?" Répétais-je un peu en le questionnant du regard tout en reprenant ce mot qu’il vient de dire dans sa phrase. “Pour ma part, je pense que ce n’est pas seulement d’aujourd’hui que cette image nous dépasse. Tout comme par exemple la tour de Babel. Ce sont deux faits bibliques qui ne peuvent réellement avoir de sens pour nous à notre époque. Ou alors plus le même qu’avant.”

Parler de religion n’est pas réellement quelque chose qui me fascine, mais en même temps,cela ne me contrarie pas pour autant. C’est un sujet que je connais, mais que je n’aurais pas la prétention de connaître aussi bien que l’homme de foi qui me fait face actuellement. Avoir fait son catéchisme ne fait pas d’une personne une expert dans ce domaine. J’ignore même s’il y a réellement des personnes qui peuvent se prétendre experts là dedans. La vanité n’est pas bonne pour les hommes de foi, néanmoins, on a déjà vu tellement de scandales éclabousser l’Eglise que cela ne serait point étonnant.

Il me répond alors sur l’utilité de ce jardin, et j’avoue que je ne peux qu'acquiescer et approuver cette initiative. Bien que j’avoue avoir un peu du mal avec sa justification finale. Une évolution de l’Eglise pour prendre plus soin de la nature ? Puis la sécurité des bâtiments, ne les impliquent aucunement. Enfin, je ne dis rien de plus, me contentant d’un petit hochement de tête. Surtout que maintenant son attention est dirigée vers une autre jeune femme, probablement la choriste qu’il cherchait.

J’observe alors la scène, mes bras venant se croiser devant ma poitrine. C’est bien ma veine ça. Fallait que ça tombe pile quand je suis là. Le seigneur se fout réellement de ma gueule en m’envoyant des choses pareils. Un chrétien y verrait un test, une épreuve, je n’y vois qu’un agacement et une prise de tête en devenir.

Je tente alors de rester silencieuse, ma main droite venant devant mon visage pour me masser doucement l’arrête du nez. De telles inepties… Vraiment. Moi qui pensait ne plus avoir à entendre de chose pareils. Je finis par soupirer, non pas comme un buffle qui souffle, mais avec une certaine finesse. “Tu crois vraiment que les chanteurs ressentent en permanence les sentiments des chansons qu’ils interprètent ? Surtout que là, t’es dans une chorale, tu vas pas chanter toute seule, alors même si t’as pas le choeur à chanter, même si t’as pas l’impression d’envoyer les bons sentiments, ça change quoi ? Parce que c’est pas un solo dont il est question il me semble. Puis même si tu chantes seule, là, il n’est visiblement pas question de toi, mais de ta soeur.” Lançais-je alors, n’ayant pris que très peu de pincettes, même si en réalité, j’aurais aimé être bien plus brutale, plus agressive, mais cela ne correspondrait pas réellement à l’image que je veux renvoyer de moi, la douce et gentille Evy.

Une femme renseignée sur des faits religieux n'était plus chose étonnante en cette époque mais une telle rencontre totalement hasardeuse l'était plus. Elle était renseignée et jouait des mots comme un musicien se jouait d'une harpe, elle était certainement éduquée aux valeurs catholiques. De simples phrases pouvaient révéler énormément de faits et Bartholomée n'avait pas involontairement parlé de sécurité et de nature. Cette serre botanique était vouée à abriter des fruits uniques, des reliques de plusieurs époques... Le Caelius était un stratège de taille et il ne comptait pas s'offrir le luxe d'être simplement payé par de petites quêtes journalières. Il était dorénavant l'heure de jouer de l'économie pour modifier l'Église de l'intérieur et l'homme était totalement dévoué à sa cause.

Bien franchement, le Prêtre n'était pas un grand compositeur et il n'appréciait la musique comme un simple néophyte. Il n'avait point d'avis sur le fait de transmettre des émotions à sa musique et au public. Bartholomée était plutôt du genre à totalement s'oublier face à la foule et à s'exprimer sans réellement s'écouter. Pour autant, il était reconnu pour déverser deux sentiments bien distincts durant ses homélies ; tantôt sulfureuses tantôt envoûtantes. Il ne cherchait guère à transmettre, il ne faisait que mettre des mots à ses sentiments et à ses songes. Une fois que la jeune Evy exprima son avis, celui-ci sembla vexer la jeune femme. Le sort était décidément bien joueur et personne initialement considérée comme choriste était finalement connaisseuse dans le domaine. Que rajouter de plus ? Le Prêtre se devait d'être moins brutale et plus respectueux du sentiment illogique de la demoiselle.

Tu n'es effectivement pas spécialement obligée d'être présente, mais un mariage est la consécration de deux individus et ce jour se doit d'être parfait pour ta sœur. Cela ne veut pas absolument pas dire que tu te dois de te surpasser, tu dois simplement chanter. Comme hier ou avant-hier... C'est difficile à admettre, mais tu dois simplement faire sourire ta sœur et je pense que cela va être plus simple en chantant qu'en te cachant ainsi.

Difficile d'être plus positif, le Caelius ne voyait en ce geste qu'un moyen de diriger l'attention sur la jeune demoiselle, mais c'était sûrement quelque chose de plus profond à ses yeux. Soit, la vie était finalement constituée de moments similaires à celui-ci. Soudainement, la jeune femme finit par remercier les deux individus pour ensuite se sortir de la verrière, sûrement pour rejoindre ses camarades. Finalement, elle était bel et bien capricieuse.

Voilà un chamboulement bien inattendu. Je m'excuse de vous avoir considéré comme une choriste. Je me nomme Caelius Bartholomée et vous devinez sûrement ma fonction au sein de cette église. J'espère ne pas vous avoir importuné. Je me dois de rejoindre cette préparation qui semble relativement compliquée, mais j'aimerais vous répondre avant cela.

Le sourire de Bartholomée n'était pas anodin et il reflétait son désir de discuter avec cette femme. Le sujet était passionnant, sûrement plus pour lui que pour elle.

La tour de Babel... Un bon exemple sur l'interprétation de la religion. La Bible semble effectivement comporter de nombreuses histoires qui transcendent les époques. Les fidèles n'y sont pas pour rien et on peut trouver du sens à tout en le désirant un minimum. Pour autant, il est bien difficile d'expliquer l'apparition des alters au sein de notre société... Bien évidemment, je n'affirme pas que cela n'est pas l'oeuvre du divin, mais simplement qu'un livre ne peut qu'effleurer la réalité, nous nous devons de réinterpréter le sens même des mots pour combler une incompréhension.

Difficile de suivre le prêtre dans un tel délire. Bartholomée était du genre à se perdre dans ses réflexion personnelles sans réellement prévenir son interlocuteur.

HRP:

Mes mots pour la jeune choriste sont peut-être un peu trop virulent. Mais en même temps, cela m’agace de voir des personnes avec la possibilité de chanter et faire de la musique devant les autres réussir à s’en plaindre et fuir alors que moi, je suis privée de cela depuis de trop longues années maintenant. Je soupire après mon speech, assez énervée par cette jeune insouciante qui pense que c’est bien plus facile de fuir que d’affronter l’adversité. Enfin, heureusement pour moi, le prêtre est là et il intervient de façon bien plus calme et posée. En même temps, n’est-ce pas là le travail d’un religieux que de toujours réussir à garder son calme et conseiller du mieux qu’il peut et ce peu importe le sujet et la situation. Une profession que je serais bien incapable de faire et que de toute façon, je n’ai jamais envisagée. M’imaginer en bonne soeur me fait bien rire en réalité. Je suis tellement loin de cela et ce, malgré mon éducation religieuse.

Ainsi, grâce à l’intervention du religieux, j’ai également droit à des remerciements. J’en reste un peu surprise, ne m’y attendant guère alors que j’ai été loin d’être très agréable avec elle. La finesse et moi, ça à réellement fait deux dans cette situation. Enfin, passons. Le père se retournant finalement vers moi pour m’adresser la parole et s’excuser. Me prendre pour une choriste ? Je ris un petit peu. “Heureusement pour vous, vous ne m’avez pas demandé de chanter, sinon, ça aurait été un véritable déluge.” Plaisantais-je alors, préférant me faire passer pour une mauvaise chanteuse que de risquer de le voir avoir la brillante idée de me proposer de rejoindre sa chorale, sous prétexte que j’ai des origines suédoises.

Le laissant parler et me donner son point de vue sur le sujet que nous abordions avant l’intervention de la chanteuse récalcitrante, je l’écoute donc, exprimer sa vision des choses suite à mes propos. Je devrais d’ailleurs répondre à sa présentation, qu’il a fait quelque minutes avant. “L'inconvénient des mots, c’est que chacun peut les interpréter à sa façon et surtout, une événement historique peut en dénaturer le sens.Prenons par exemple le svatiska, symbole religieux hindou qui est, en Europe, perçu comme un symbole de Nazisme à cause de la seconde guerre mondiale. Sinon, je me dois de me présenter également. Evy Torsten, étudiante en sociologie.” Je lui adresse alors un sourire. “Je ne vais pas vous retenir plus longtemps, vous avez assez de travailler que pour avoir une discussion sur l’évolution de la perception de la religion et des faits religieux, bien que je serais ravie de la poursuivre quand vous aurez du temps à m’accorder. En dehors d’un préparatif d’un mariage bien entendu.”


hj : Pas de soucis pour moi, surtout que j'avais pas rp pendant tout ce temps ><