Bip. Bip. Bip.

Les limpides prunelles se posent sur les vestiges d’un filtre occultant, désireuses de prendre connaissance des caractères mussés sous un périphérique aveugle. Un instant, la lueur pétillante remplace la teinte de lassitude ; un souffle feutré outrepasse somme toute la barrière des lippes. En son sein, une objection autant brève qu’énigmatique ; une passion qui, sans attendre, s'envole pour rejoindre ses compères surannées tandis que, malgré tout, le cuir dérobe l’almandin cotonnade dormant sur son crochet.

Vagabonde, petite silhouette,
danse avec le brumeux crépuscule.
Approche donc de ce qui, pour l’heure, te contraint à nager entre deux eaux.

Ces commissures mi-figue mi-raisin ont vraisemblablement omis la raison même de leur existence ; les manifestations se parent d’une tout autre lecture et l’inférieure se désigne prisonnière de vils minéraux. En outre, s'installe la surprise d’un faible tremblement réprimé par une main en quête de réconfort : une maigre rassurance hélas nécessaire, systématique de son état.
Ne rien montrer.

Parce que les Hommes sont des métamorphes à la transformation scellée par la facilité. Depuis longtemps déjà, les visages n’ont plus besoin d’être modifiés ; les expressions s’avèrent bien plus utiles pour sauvegarder les intérêts.

Une imposture, comme un illustre jeu ; la création de masques humains.

Sans tambour ni trompette, le coquelicot pénètre dans l’antre des gardiens fallacieux, hoche le museau et se dirige vers les bureaux d’où résonnent les éclats d’une fade mélodie. Au dedans, les âmes regrettent, se lamentent, murmurent, répandent l’insaisissable venin ; les propos courent à leur perte, autant que ces promesses autrefois proférées. Un charme brisé, un fantôme désabusé.

Les briseurs sont pourtant bien réels ; les marionnettes de chair s’activent, discutent, rient même, parfois. Mais jamais elles ne protègent, pas sans contrepartie tout du moins. Conformes à cette fidélité erronée, les piètres acteurs montent ainsi sur la scène.

Du noir. Partout, l’ombre dominait.

À vau-de-route, petit Hérisson quitte la pièce, tandis que les Taupes retournent à leurs activités. En guise de commentaire, les fils carotte s’installent davantage sur la frêle épaule et les perles inquisitrices mitraillent ces autres, presque partenaires.

— C’est quand même dingue que les gens puissent autant en vouloir à ceux qui réussissent, à se demander s’ils sont conscients que des vies peuvent être en jeu.

Terre d’amertume.

— Cette fille, là, par exemple. Elle arrive et nous balance que Nash, de Nash & Jenkins  Industries, est un type de la pire espèce. Comme par hasard, alors qu’ils commencent enfin à se faire un nom dans le milieu après autant de galères ! Aucune preuve, rien. Rien que des mots.

Chambre de haine.

— J’connais le père du p’tit depuis l’école, c’est un gars de confiance et un bon père. Chez eux, ça avait plutôt intérêt à filer droit, si tu vois c’que j’veux dire.

Et la solitude.

Bras opalin se tend, attrape un morceau de lettre avant qu’il n’échappe à son champ d'action ; les gestes se durcissent, s’immiscent dans l’insaisissable. Derechef, les ombres dansent au pied des flammes bleues, avant que toute trace ne disparaissent.

— Je vois. Bon, la paperasse est signée, c’est tout pour cette fois ? Je retourne à la caserne alors ; vous savez où me trouver au besoin, comme d’habitude.

L'Entre-Deux tourne alors les talons, retourne vaquer à ses occupations. Comme si de rien n’était, croirait-on. Or, il appert que ses pas la guident dans une tout autre direction, le lieu de tous les maux.
Fouiller, pister, traquer les informations comme le renard traquerait sa proie ; personne ne posera la moindre question, là-bas.

Parce que tout n’était qu’un jeu.
Le sombre Jeu des Apparences.