21h30. Bartholomée ressortait tout juste d'un rendez-vous de préparation de mariage. Il était rapidement passé au groupe de parole au sujet des alters pour prévenir les fidèles de la menace formulée par l'état. Il était clair que les choses étaient dorénavant totalement différentes et que le Prêtre se devait de réagir en tant que représentant de Dieu. Ouvrant la porte du presbytère, le Caelius fut bien étonné d'entendre un miaulement provenant du 1er étage. Soupirant dans un premier temps, il ne sembla absolument pas étonné. La chambre se trouvant juste aussi au-dessus de l'entrée appartenait à Itsume Ketsui. Le quartier était relativement silencieux le Dimanche, faute à la reprise du travail. Expliquant ainsi que l'individu puisse entendre un insignifiant miaulement en étant aussi éloigné.

Depuis dorénavant trois années, le membre de la fratrie Caelius hébergeait cette jeune fille par simple bonté de façon totalement gratuite. Bien que relativement puriste, il avait accepté une femme sous son toit malgré les regards désobligés de plusieurs croyants. Bartholomée n'était point attiré par le sexe opposé, mais il était totalement conscient que telle image renvoyée était inimaginable pour un Prêtre. Mais l'homme de foi ne pouvait avouer un quelconque mal, il n'avait fait que respecter une promesse.

Grimpant les marches d'un pas mesuré, Bartholomée évitait de faire trop de bruit, deux autres prêtres séjournaient temporairement dans le presbytère. Une fois devant la porte de la concernée, le Prêtre toqua à la porte pour ensuite l'ouvrir avec un certain retardement. Bien que froid, fort et intransigeant, cette homme avait bien une faille et elle se nommait : Itsume. Plus ou moins allongée sur son lit, une boîte de mikado l'accompagnant, la jeune femme semblait cacher maladroitement quelque chose. Le chat ? Hum, ça sentait aussi la cigarette dans cette pièce. Petit détail anecdotique, Bartholomée adore les chats et il refusait de le voir de ses yeux pour justement éviter de craquer, se présentait-il en connaissance de cause ? Son sourire discret pouvait permettre de le supposer.

Bartholomée était un homme froid, mais comme tout être humain, il possédait ses failles. Dans son cas, il se révélait être relativement attentif aux jeunes chats, lui rappelant son enfance dans l'énorme jardin de sa maison familiale. Il ne pouvait oublier son premier animal de compagnie, Abiagaïl. Malheureusement, celui-ci était décédé depuis dorénavant six ans, laissant un vide énorme dans le cœur du Prêtre. Il le savait, le clergé ne refusait pas grand chose à cet homme de foi qui ne râlait jamais à effectuer des tâches supplémentaires et qui était capable de doubler l'argent donné durant la quête du fait de sa simple présence. Il refusait pourtant la présence d'un animal au sein de son foyer par peur de s'y attacher. Il avait trop longtemps été malheureux suite à de nombreuses pertes dans son entourage et il ne souhaitait offrir son temps qu'à l'impérissable ; la foi et son propre corps. L'un après l'autre, il se délivra de ses gants pour ensuite les fourrer dans la poche droite de son manteau. Observant l'animal avec un faux air de crainte, il avala sa salive en constatant sa défaite. S'approchant lentement, il préserva néanmoins son air froid et sévère. Bartholomée parlait en connaissance de cause, il n'avait jamais accepté que sa jeune protégée baisse les bras. Il s'était opposé à de nombreux prêtres afin de la garder et il s'était allégé de nombreux fidèles. Sa vie semblait enfin reprendre son calme, du moins, avant que le gouvernement décide de se mêler de ses affaires... S’accroupissant pour se mettre au niveau de la bête, il prit la parole pour la nommer :
N'étant pas un grand fana des œuvres de Disney, le prêtre n'assimila nullement ce prénom à la petite sirène. Il approcha sa main de la tête du chaton pour le caresser. Bien que la jeune femme était dans un habit relativement simple, il ne ressentait la moindre envie vis à vis de ce corps humain, il avait bien évidemment rejeté tout cela.
Sans réellement offrir une transition, Bartholomée changeait le sujet de discussion sans crainte. Tout en observant le chaton, il reprit la parole afin d'orienter la discussion vers où il souhaitait l'emmener.

P .... ? Ce mot, le prêtre était capable de le deviner, mais il ne pouvait malheureusement pas le porter, du moins pas comme cette jeune fille le souhaitait. Bartholomée s'était allègrement attachée à la demoiselle, considérant qu'elle possédait un rôle à jouer au sein de cœur si froid. Pour autant, il se savait si différent des autres et si impliqué dans son quotidien. Il ne pouvait nier ses sentiments, mais il ne pouvait malheureusement en offrir bien plus. Dieu et Jésus étaient ses priorités. Écoutant les paroles de cette demoiselle, l'homme fut incapable de ne pas penser à ce passé si tourmenté. Il se releva pour être plus ou moins au niveau de la femme. Souriant en observant la jeune fille, Bartholomée avait l'impression de ne jamais en faire assez pour elle. Et si finalement, le bonheur était plus accessible qu'il ne semblait l'être ? Et si ce Dieu tantôt craint tantôt adulé ne souhaitait finalement qu'un simple plaisir de vivre à chaque individu ? De telles questions, seule Itsume était capable d'en imprégner l'esprit de cet homme. Se remettant assis sur le bord du lit de la demoiselle, il reprit :Elle ne comprendrait peut-être pas le rapprochement, mais Bartholomée avait l'impression que cette demoiselle se cachait derrière de nombreuses activités pour éviter la solitude. Les deux individus ne parlaient pas suffisamment des sujets facheux et le Caelius évitait d'en savoir trop, privant ainsi la demoiselle d'une figure paternelle. Aujourd'hui, il l'avait décidé, il allait faire l'effort de la comprendre.

Malgré son jeune âge, cette jeune femme était bien plus mature que bien des adultes. Bartholomée le savait, son handicap n'y était pas pour rien. Pour autant, il était aussi nécessaire de saluer sa détermination, se relever avec tant d'entrain, c'était tout simplement magnifique. Remercier Dieu pour cela ? Et bien... Bien qu'il participait à son rétablissement, cette femme ne devait santé qu'à sa forme et ses sacrifices. Elle possédait un mental admirablement solide et c'était la plus grande fierté du Caelius. Son sourire jovial était le digne reflet de sa détermination, Itsume n'abandonnait pas, elle combattait constamment dans l'espérance de se surpasser malgré les difficultés. Chose peu habituelle, le prêtre se mit émettre un court rire. De l'ironie pure et dure, il allait adorer s'occuper de son matou et prendre le temps de lui servir son lait. Bartholomée était gaga des chats et il cachait cela depuis toujours, préférant conserver sa froideur afin de préserver ses idéaux. Soudainement, la jeune femme reprit la discussion en changeant le tournant de celle-ci, cette soirée semblait décidément dédiée aux aveux. Une héroïne... Ce métier n'était auparavant qu'un mythe et les alters semblaient motiver les individus à se diriger vers cette profession. Rien de plus logique, la filmographie tournait autour de ce sujet depuis des décennies... La science-fiction était aujourd'hui une réalité. Auparavant, les pompiers étaient considérés comme des sauveurs et dorénavant, ils se sentaient sauvés lorsqu'un individu usait de son alter pour simplifier la situation. Les humains non-altérés considéraient qu'ils n'étaient plus que les spectateurs d'un nouveau monde.  Chose totalement factice, l'homme possédait sa place dans une telle époque, il se devait de la préserver pour justement éviter les abus et modérer ce nouveau pouvoir.

Jésus n'incite ni à la paresse ni au strict minimum mais Il met l'homme également en garde contre la course effrénée qu'il s'impose lui-même par ses choix de vie. Dieu a instauré le repos hebdomadaire, pour nous protéger de nos abus ; Jésus éclaire la dimension morale et nerveuse du repos en nous montrant la stupidité de nos soucis et de nos angoisses. Ainsi, il était nécessaire de ne pas trop en faire sans pour autant tomber dans la flemmardise. Itsume devait-elle s'exposer malgré sa condition physique ? Ne prenait-elle pas le risque de trop en faire ? À cela, Bartholomée n'avait qu'une seule réponse :En soit, ils étaient bien nombreux... Bartholomée considérait de nombreux chrétiens comme tels, ils finiraient par recevoir la plus belle des récompenses en découvrant le Paradis. Pour autant, certains individus outrepassaient la gentillesse en offrant sans jamais suivre la moindre règle, par pur plaisir d'offrir... Itsume était exactement ce modèle d'humain. Il était dorénavant temps de répondre à la prochaine interrogations et le Caelius avait volontairement attendu avant d'y répondre. Il semblait ordonner sa conversation de sorte à débattre du moindre morceau, il ne souhaitait pas que sa jeune choriste vienne à déformer quelque chose. Observant la jeune femme tout en tentant d'attraper le chaton de sa main droit afin de le faire gambader, il reprit alors :D'après sa jambe restante, Itsume ne pouvait point posséder d'alter, mais Bartholomée ne connaissait rien du membre disparu. Ainsi, il était possible qu'elle soit altérée, les gens ne vérifiaient pas ce petit morceau de corps par le passé... Du moins, pas par un professionnel. Dans cette discussion, Bartholomée omettait volontairement les transformations physiques. Il le savait, ce type d'alter était bien plus problématique et il portait atteinte à la création de Dieu. De plus, les statistiques étaient flagrants, les déformés avaient cette fâcheuse tendance à effectuer des actes criminels... Confirmant ainsi les thèses sur l'origine démoniaque des déformés par alter.

Alors qu'il était en train de parler, la jeune femme tomba sans que le prêtre n'eut le temps de réagir. Bien trop concentré par ses propres paroles, il regretta bien évidemment son manque de réactivité. La modification de l'espèce humaine, en voilà un sujet déroutant. Les normaux devenaient paranoïaques, s'équipant d'armes en tout genre. Les altérés agissaient comme les autres humains, en bien comme en mal... Bref, le monde ne changeait guère, il ne devenait que plus persécutant pour les quelques bonnes âmes de ce monde. Observant la demoiselle au sol, il passa de la crainte aux rires. Itsume avait un certain don pour faire sourire cet homme. Cette jeune fille était clairement maladroite et son handicap n'y était pas pour grand chose. Toujours assis sur le lit, il continua la discussion avec elle. Bartholomée avait ce don à plomber involontairement l'ambiance de temps en temps. Bien évidemment, ce n'était pas réellement voulu, mais il avait tendance à trop philosopher sur de tels sujets. Il se reprit alors pour répondre avec un peu plus d'entrain. Ou bien Angelical ...? Non, elle trouverait sûrement cela démodé. Le latin n'était pas vraiment à la mode, il était temps de se l'avouer. Observant cette jeune fille, le membre de la famille Caelius était presque encouragé par cette attitude positive. Si seulement, si seulement le monde était aussi simple... Si les individus respectaient simplement les autres pour vivre dans la bienveillance ? Si seulement... Le jeune chat continuait à sautiller en attaquant la moindre cible mouvante... Un Ange et le Lion du Seigneur... Drôle d'équipe.

Un alter... Bartholomée se le cachait, mais il possédait bel et bien un désir personnel sur le sujet. Au fond de lui, il possédait le désir fou de détruire le mal, quitte à tuer des êtres vivants. Ceci, il ne pouvait que s'en excuser sans jamais pouvoir l'oublier. Bien évidemment, il ne pouvait point révéler à la jeune femme qu'il aimerait manipuler des flammes divines lui permettant d'offrir le jugement divin aux êtres abjects de cette société. L'utilisation des alters était chose trop dangereuse, transformant fantasme en réalité. Oui, le Caelius remerciait Dieu chaque jour de ne point lui confier un tel test. Souriant suite aux différentes boutades de la jeune femme, bartholomée admit que l'heure n'était pas réellement à la discussion. Itsume était du genre à se coucher assez tôt après avoir fumé sa clope mal-cachée. Soit. Se levant, le Caelius prit la direction de la porte tout en observant le chaton :Suite à cela, le prêtre ouvrit la porte pour ensuite s'enfoncer dans le couloir et dire :Riant tout en s'éloignant, l'individu était relativement amusé de rappeler ce fait à la demoiselle.