C'était une belle journée ensoleillée du week-end, et la semaine ayant été un peu longue, j'avais décidé de sortir un peu ce week-end. J'aimais avoir ma petite liberté, et de ce fait je n'aimais pas énormément les endroits clos ou ceux qui s'avéraient trop peuplés. J'avais donc choisi de me diriger vers le parc floral qui se trouvait dans le quartier français. J'étais certes japonais de naissance, et j'y avais vécu le plus clair de mon temps, cependant j'avais pas mal étudié l'anglais et le français à l'école. Du coup, arrivé à Millenium City, je n'avais pas eu trop de problèmes à m'adapter à l'environnement, où la majorité des gens parlaient soit anglais, français ou japonais. Une parfaite petite aubaine pour le petit japonais que j'étais. Et petit, ce n'était pas qu'une manière de parler.

Alors que je marchais, je me remémorai mes premiers jours dans la cité millénaire -c'était ainsi que je l'avais surnommé intérieurement- avec nostalgie. Lorsque, du haut de mon mètre soixante, personne ne m'avait pris au sérieux lorsque j'avais postulé dans la centrale électrique dans le secteur des éoliennes. Il avait fallu que je montre mes papiers d'identité pour qu'on finisse difficilement par me croire. Il fallait dire que ni ma taille, mon visage juvénile ou mon absence de pilosité plaidait en ma faveur quand je revendiquais ma majorité. Mais cela n'était plus réellement important à présent. Cela faisait maintenant trois ans que j'y travaillais, et tout le monde semblait satisfait de mon travail. Ce qui était encore une fois une petite aubaine pour moi qui pouvait générer du vent à l'infini, et le contrôler avec précision. Cela me permettait d'être plus ou moins payé à ne rien faire, et qui plus est, je participais à l'économie et l'écologie du pays en mettant au mieux mes dons au service de la société. Je profitais par la même occasion, de ce temps pour me cultiver et lire quelques livres.

Mais trêve de parler de moi. Comme à mon habitude, je marchais les mains dans les poches de mon sweat à capuche, un air absent sur mon visage, lorsque je pénétrai dans le parc. La douce odeur des fleurs me fit sourire, m'apaisant un peu, alors que le vent que je chérissais tant caressait mon visage. Après quelques pas dans le parc, la caresse du vent m'apporta quelques notes d'une douce musique, qui se faisait de plus en plus forte à mesure que j'avançais. Je laissai mes pas me guider vers le son qui retentissait au loin. Une voix, d'une fille très certainement. Je ne connaissais ni les paroles ni la mélodie, mais elle était douce, si douce...Et cette voix, si angélique. Sans savoir pourquoi, mes joues se mirent à rougir, et je sentis la chaleur monter dans mon visage. J'écarquillai les yeux, moi-même surprit par ma réaction, tandis que je sentais mon rythme cardiaque accélérer. Ne comprenant pas ce qui m'arrivait, je me précipitai à la recherche de cette voix enchanteresse qui savait si bien bercer mon coeur.

J'identifiai après quelques minutes de recherche l'origine de la voix, et, à la vue de son visage, mon coeur se serra. Si belle... furent les premiers mots qui me vinrent en tête. Son visage fin et harmonieux, entouré de ses cheveux blonds attachés entre eux. De magnifique yeux bruns comme je n'en avais jamais vu. Une robe qui lui allait à la perfection. Pendant un instant, j'en perdis ma voix. Rapidement, je vérifiai autour de moi, mais heureusement je vis qu'il n'y avait personne aux alentours. Gardant alors un air à peu près blasé, un peu indifférent malgré les émotions qui me chamboulaient, je m'approchai de la jeune demoiselle sans pouvoir résister. Ou peut-être ne voulais-je tout simplement pas résister. En vingt-trois ans d'existence, je n'avais jamais ressenti d'émotions si fortes pour une étrangère.

-Bonjour, dis-je d'une petite voix une fois arrivé à proximité, en gardant un air détaché malgré le rouge de mes joues.

Ce n'était qu'un simple mot, car en réalité je n'avais jamais abordé une demoiselle auparavant. Etait-ce la timidité ou la flemme ? Je ne m'étais jamais posé la question. Mais toujours était-il que faire des efforts lorsque cela ne concernait pas l'apprentissage ou mon alter ne me venait pas naturellement. Je posai mon regard sur le ciel, puis commençai distraitement à balancer mes jambes sur le banc où était posée la demoiselle -au risque de paraître encore plus jeune. J'attendis une petite brise qui vint caresser mes cheveux, avant de continuer.

-Vous chantez vraiment bien...

Spoiler:

Les vacances d’été qui touchent enfin à leurs point final. Cela signifie bientôt la reprise des cours pour moi et cela ne me dérange pas le moins du monde. Après tout, je viens de passer une longue période dans ma ville natale pour profiter de ces dites vacances. La ville en question, Miami, en Floride. Climat chaud et surtout ses plages. Me voilà donc ici, à nouveau dans cette ville qui attirent tant de personne avec un teint un peu plus halée qu’à la normal. Preuve de mon séjour au soleil.

Maintenant revenue à la réalité, ou presque, étant donnée qu’il me reste encore quelque jours avant de devoir réellement replonger mon nez dans mes cours de sociologie, je profite encore de ce temps libre pour flâner tranquillement et également profiter de ces lieux publics où, étrangement, je ne me rends que très rarement alors même qu’ils ne sont pas particulièrement loin de chez moi. Après tout, par une aussi belle journée, je ne pouvais pas rester enfermée dans mon appartement, surtout après avoir passée autant de journée à profiter du soleil. Peut-être avais-je simplement perdue l’habitude de sortir à cause de mes études et de mes escapades nocturnes. Je n’en sais rien.

Ainsi, j’avais opter pour aller tout simplement écouter de la musique dans le parc floral, mes écouteurs dans les oreilles, tranquille assise sur un banc à profiter de la chaleur estivale. Que demander de plus ? C’est un réel bien être. A-t-elle point que involontairement, je me mis à chanter cette musique d’amour que je connais presque entièrement par coeur. Un jour de pluie, cela n’aurait point posé de problème, il n’y aurait eu personne dans le parc, alors que là… C’est assez rapidement que j'aperçois une petite silhouette se tenir près de moi.  Chose qui me fait réaliser ma bourde. Et merde.

Je retire alors mes écouteurs en regardant le jeune homme. C’est bien ma veine ça. Je suis tombée sur un lycéen. Ca aurait pas pu être un beau gars avant de l’argent ? Non, j’ai pas assez de chance pour ça, faut que ça soit, malheureusement pour moi, un nabot qui m’entende malgré moi, chanter une chanson d’amour.

Le détaillant alors de mon regard brun, je ne peux m’empêcher de remarquer ses joues empourprée à cause de moi. Sauf que non, je ne vais pas m’excuser, ni même lui expliquer qu’il s’agit juste de l’effet de ma chanson. Soit il le comprendra tout seul, soit, bah il croira à un coup de foudre et dans un cas, comme dans l’autre, ça m'ennuiera profondément.

“Bonjour.” Je penche alors un peu la tête, affichant un léger sourire qui se veut amical. “Je suppose que je dois dire merci pour le compliment.” Parce qu’en réalité, je suis certaine que si je n’avais pas eu cet alter, on m’aurait plutôt demandé d’arrêter de chanter car ma voix manquerait d’expression ou de sentiments comme on aimait à me le répéter à chaque fois que je pratiquais le piano quand j’étais plus jeune. “Vous chantez aussi ?” Ai-je réellement besoin de relancer la conversation ? Ah oui, pour éviter de me faire trop draguer, autant tenté de mener la conversation le temps que l’effet de ma chanson s’estompe, en espérant qu’il ne s’imagine pas être réellement et définitivement amoureux de moi, sinon, bonjour la misère… J'espère qu'il n'est pas aussi naif. Mais vu sa tête, c'est presque marqué sur son front : jeune gamin innocent. Il a quel âge d'ailleurs ?

Je ne puis m’empêcher d’arquer un sourcil en entendant la réponse du jeune homme. Pas besoin de remerciements ? Pourtant, de ce que j’ai pu observer, on ne donne jamais de compliments sans rien attendre en retour, que cela soit un merci ou bien plus si affinités. Mais l’homme est d’une nature perverse qui fait que jamais il agit pour autrui, juste pour son propre bien. Nous sommes tous égoïste, certains cherchent juste à faire semblant de ne pas l’être. Un peu comme moi, sauf qu’à la différence d’eux, je sais parfaitement que je le suis.

“Qu’attendiez-vous alors en retour ?” M’entendis-je alors lui demander. S’il ne désirait pas de remerciements, il devait, à mon sens, désirer tout autre chose. Les bons samaritains, distribuant paix et amour, cela fait bien longtemps que je n’y crois plus.

Je me permets alors de lui poser une autre question, savoir s’il chante également, si son avis est ainsi réellement valable ou non. Bien que je sache pertinemment qu’il ne peut en aucun cas l’être. Tout cela à cause de mon alter.  Néanmoins, sa réponse ne me surprend pas réellement. Bien qu’il donne des explications et cela m’arrache un petit rire. “Plutôt que de motivation, je dirais de la passion dans ce domaine. Pour faire du sport, il faut être motivé, mais pour faire de la musique, il faut être passionné. Si on n’aime pas la musique ou l’instrument que l’on essaie d’apprendre, cela nous empêchera de progresser. “

Je continue de lui sourire, ignorant pourquoi je me montre de la sorte avec un gamin comme lui. Peut-être toujours dans cette optique d’avoir l’air d’une fille gentille et appréciable ? Faut dire que dernièrement, chez mes parents, je ne l’ai plus réellement été, alors, c’est peut-être pour cela que ça me fait bizarre d’agir de la sorte.

Je fronce les sourcils à sa nouvelle question. Il fait preuve d’un semblant de politesse, mais il semble avoir oublié le plus important. “C’est en effet un peu indiscret, mais cela l’est encore plus quand on ne se présente pas avant.” Néanmoins, je finis par acquiescer. “J’apprends la musique depuis toute petite, mon instrument de prédilection est le piano, plutôt que le chant pour tout vous dire. Sinon, je pense être plus âgée que vous. J’ai 23 ans et vous?” J’ai finalement continué comme lui, sans donner mon prénom, mais je lui laisse faire cette démarche, s’il le désire bien entendu. Bien qu’encore une fois, je me doute que cela sera le cas. Foutu alter !

hj : Désolée pour le délai ><