Dans cette journée ressemblant à toutes les autres depuis qu'elle est ici, Jill se réveille dans son atelier qui lui fait office de chambre, entouré d'un tas de prototype robotique pas encore finies, mais aussi de quelques armes expérimentales qu'elle a fabriqué soit pour passer le temps, soit parce qu'on vient de lui en commander. En bref, elle se faisait un peu la main entouré de toutes ses armes, mais c'était son travail désormais, que ce soit pour des civils qui ont des goûts ... particuliers en armes civiles ou de chasses, des héros qui veulent s'équiper ou juste des vilains ou des membres du cryptogang qui viennent lui demander quelques gadgets très ... originaux il faut l'avouer, mais qu'elle prend plaisir à faire. De toute manière, difficile de se faire prendre dans cette partie de la banlieue Sud où peu de policiers viennent regarder ses affaires, c'est un des avantages d'avoir des contacts dans le cryptogang, à vrai dire, elle se demande même si elle ne devrait pas ouvrir un bar vu tous les contacts qu'elle a un peu partout.

Enfin, après s'être fait "présentable" et avoir pris quelques armes que les clients viennent chercher normalement aujourd'hui, des clients d'un peu de tout les camps, ce qui est ironique vu qu'elle arme autant de jeunes héros que de futurs vilains, mais un client reste un client, même si elle en a certains qu'elle préfère évidemment, mais elle ne dira pas lesquels. En arrivant dans son magasin, un de ses robots s'activent : c'était une sorte de chien robot, sans visage ni bouche, ni même tête en fait, un "bloc" se tenant à quatre pattes et qui est bien trop affectueux pour une boîte de conserve. Mais c'était programmer pour, surtout que ça égayait un peu cet endroit qui est triste sans un peu de bruit ni de radio. Enfin, alors que le robot vient la voir en sautillant, elle active la radio à côté de la caisse, puis l'écran de télévision qui diffuse en cette matinée que des dessins-animés en attendant que les plus vieux se lèvent pour afficher les informations.

Elle ouvre le magasin, puis retourne derrière son comptoir avant de prendre une arme que lui a ramené un client qui avait un soucis avec le canon et qu'elle était en train de nettoyer pour commencer à le réparer. Il lui a ramener une arme remplie de suie, pas étonnant qu'elle ne marche plus vu l'état où se trouve cette arme en ce moment. Enfin, sa séance de nettoyage est interrompue par la venue d'une jeune fille, à peu près son âge, habillé comme une poupée, qui entrait dans sa boutique comme si elle venait d'entrer dans un salon de thé. Voilà une bien étrange invitée, mais un client reste un client, tant qu'il respecte les altérés évidemment.

- Bien le bonjour mademoiselle, que puis-je faire pour vous ?

Demandes Jill en posant l'arme à côté d'elle, puis en s'appuyant sur le comptoir pour la regarder.

Un faible baiement franchit mes lèvres. Chose que je cache d’un geste simple de la main pour ne pas faire preuve d’impolitesse et risquer d’entendre d’autres personnes dans la rue se mettre à bailler. Je n’ai jamais bien compris pourquoi cela est communicatif, je comprends que parfois, même souvent, on agit par mimétisme, mais là, c’est tout autre chose, parce que même si on tente de le contrôler, on n’y arrive pas. Dans tous les cas, il est bien trop tôt pour déjà se balader dans la rue. Mes cours ne commencent que bien plus tard et surtout dans un autre coin de Millenium City. Pourquoi diable ai-je eu l’idée de prendre cette initiative de si bon matin ? Je me maudis parfois. Vraiment. J’aurais pu profité pour rester un peu plus longtemps au chaud au lieu d’affronter ce temps hivernal de fin décembre. Je dois être un peu masochiste parfois. Je ne vois pas d’autres explications possible à cela.

Poussant la porte de ce magasin, j’espère y trouver un endroit chauffé. Parce que déjà, je me doute bien qu’il ne sera point accueillant. Comment un magasin d’armes et autre artifice dans le style pourrait l’être ? Et bien, avec l’aide d’un chien robot ou ce qu’il en reste ? Je baisse le regard sur la boîte de métal qui gesticule à mes pieds en me demandant réellement ce que j’ai fait au bon Dieu pour mériter ça de bon matin. Manquerait plus qu’il me vidange son huile sur mes chaussures.

C’est alors qu’une voix féminine prend la parole, me faisant relever la tête et l’observer, oublier momentanément le chien électronique à mes pieds. Elle me questionne alors sur la façon de m’aider. Et là, j’avoue que je n’ai pas réellement de réponse. Je n’ai rien de bien précis à lui demander, ou plutôt, je ne sais pas trop ce que je pourrais demander. Après tout, je suis venue ici parce que l’on me la chaudement recommander, mais je ne fais point dans les armes à feu ou armes tranchante.

“Bonjour.” Soufflais-je alors en esquivant le chien pour qu’il cesse de me tourner autour et avant de poser mon regard sur les articles tout autour de moi. “Je suis venue parce qu’on m’a conseillé votre enseigne, mais j’ignore ce qui pourrait me convenir. Je ne fais pas dans les armes conventionnelles. Auriez-vous quelque chose de plus exotiques ? De plus axés sur la musique ? Si bien entendu, cela est bien dans vos compétences.” Il est sûr et certain que la jeune femme qui me fait face ne peux aucunement ignorer mes origines bourgeoises à cause de ma façon de lui parler à cet instant. De façon soutenue, légèrement hautaine sans pour autant entré dans l’irrespect.

Je tourne alors à nouveau la tête vers elle, cessant ainsi de regarder tout les objets en vente. Attendant maintenant uniquement sa réponse.

Une personne bien grincheuse, voilà ce qu'elle se dit lorsqu'elle le voit en train de fixer le robot chien qui venait mettre un peu de vie en attendant que les clients arrivent comme si c'était une abomination, une créature affreuse et malade capable de transmettre des maladies horribles et écœurantes. Pourtant, ce n'était qu'un mignon petit robot un peu trop attachant qui lui tournait autour comme pour venir jouer un peu, peut-être devrait-elle le rendre moins enthousiasme ... bah, il en faut des grincheux, en tout cas, vu son look et comment elle parle, il n'en fallait pas longtemps à l'altérée de comprendre qu'il s'agit d'une bourgeoise, une fille qui est née visiblement avec une cuillère d'argent dans la bouche, un peu hautaine contre la plèbe, autant dire qu'elle doit avoir l'impression de se balader dans une déchèterie dans cette banlieue, cela est dur pour une personne de la haute société de se retrouver dans une zone pareille.

- Oh, une bourgeoise ? Ici ? Dans mon humble magasin d'armes à feu et d'équipement ? Je fêterais bien cette occasion, mais je n'ai malheureusement ni champagne, ni thé pour une gente demoiselle.

Dit-elle sur un air un peu taquin, avant de passer par dessus son comptoir pour venir atterrir devant elle, son chien profitant pour venir grimper sur le comptoir, puis sur son épaule. Cela lui faisait presque office de perroquet si elle l'avait programmer pour parler, mais en vérité, cela lui permettait de pouvoir avoir aussi une trace photographique de ses cliens. Bah oui, c'est un robot, donc il filme et il faut bien stocker ce qu'il filme quelque part n'est-ce pas ?

- Mais oui, c'est clairement dans mes compétences, ce n'est ni le plus original, ni le plus dur qu'on m'est proposé de faire jusqu'à présent. Un armement autour de la musique donc, quel genre d'instrument ? J'ai bien deux trois trucs, mais je crains que ce ne soit pas de votre goût musical.

Elle avait l'air de faire de la musique classique, après tout, c'est ce que les bourges aime comme genre musical. Elle n'est donc pas sûr que de donner un mégaphone ou une guitare électrique soit adapté.

A la bonne heure, une petite comique en face de moi. Quel plaisir ! Vraiment. Je l’observe en arquant un sourcil alors qu’elle fait mine de se moquer de moi. Cherche-t-elle à tester ma patience ? A voir comment je réagirais ? Si j’ai de la répartie ? Oh oui, j’en ai, mais je ne perds pas mon temps à cela. Pas comme elle visiblement qui ne peut s’empêcher de tenter de jouer avec le feu. C’est d’un pathétique.

“C’est, en effet, dommage.” Me contentais-je de répondre. Pour couper court à son jeu de petite provocation sur mes origines de la haute.Je n’y suis pour rien si tout le monde n’a pas la même chance que moi et d’avoir de l’argent uniquement grâce à son nom dès la naissance.

Je continue alors de la suivre du regard, tandis qu’elle passe par dessus le comptoir et que son animal robotique vient se scotché sur son épaule. Une pratique peu commune, même si j’ai déjà vu des véritables chats le faire, mais pour un chien… Même s’il est robotique, c’est un acte étrange. Peut-être aurait-elle dû prendre le modèle félin.

Et une nouvelle fois, elle se met dans une position de jugement. Mon dieu ! Pourquoi est-ce que je fais ce travail sur moi-même pour porter en permanence ce masque de fille gentille et tout le tralala ? Ah oui, pour couvrir mes arrières ! Sinon, je me ferais réellement une joie de lui rentrer dedans verbalement. Parce que là, elle me court sur le haricot ! Mais bon. Je garde mon sourire et fait mine de réfléchir un instant. Pas le plus difficile, ni même le plus original. Voyons voir ce qu’elle pourrait bien faire avec le piano. Après tout, même si je me débrouille assez bien au violon, le piano reste mon instrument de prédilection et il est bien mon portatif qu’un violon. Sauf dans sa version électronique bien entendu. Bon sang, je sens déjà venir la proposition d’un synthétiseur. Mais il est vrai que c’est ce qui serait le plus pratique et surtout le plus rapide à convertir j’imagine.

“Je l’avoue, je réponds au cliché des fans d’art classique.” J’hausse alors les épaules et lève un peu les mains de chaque côté de mon corps, comme pour laisser entendre que ce n’est pas de ma faute. En même temps, c’est mon éducation qui a voulu cela, et plus précisément ma mère qui dès mon plus jeune âge m’a mit derrière un piano. “Que pourriez-vous faire à partir du piano ?” Je croise alors mes bras, ma main gauche venant se poser sur mon menton, montrant bien que je suis déjà curieuse de ce qu’elle pourrait bien me proposer là, tout de suite.

La demoiselle semble se mettre au-dessus des remarques de Jill, oh, c'est vrai qu'elle joue un peu avec le feu, mais c'est son côté un peu gamine qui prend le dessus, elle n'y peut rien, et puis, elle pouvait être plus sombre encore dans ses remarques. Mais vu le jeune âge de sa cliente, elle n'a pas envie de la voir fuir la queue entre les jambes, déjà qu'elle reçoit pas tout les jours une noble, ce serait dommage qu'elle parte en fuyant alors qu'elle peut la convaincre qu'elle aussi à un sens artistique, même si ce n'est pas musical. Après tout, construire des machines et gadgets aussi originaux les uns les autres, c'est une sorte d'art n'est-ce pas ? Il est vrai que ça peut-être discutable mais bon, il faut être courageux pour oser dire à Jill que ce qu'elle fait est mal.

Enfin, la demoiselle voulait une arme autour d'un instrument de musique, et Jill réussi à deviner - avec beaucoup de facilité quand même - qu'elle est plus musique classique. Malheureusement, elle n'a pas de piano à queux ou de flûte traversière en arme, en tout cas, pas maintenant, déjà il faudrait qu'elle réussisse à en trouver un de piano à queux, même si, en vérité, elle peut le faire soit-même avec un peu d'impression 3D. Enfin, elle est plus piano du coup, et elle veut déjà savoir ce qu'elle peut faire avec cet objet pour en faire une arme.

- Oh, pleins de choses. Si on est assez intelligent, on peut faire une arme à partir de tout. Seulement, il faut juste réussir à rendre ça utilisable, à quoi bon faire une arme si personne ne sait l'utiliser ?

Elle pose ses mains sur ses hanches et fait déjà mine de réfléchir alors qu'elle a déjà pleins d'idées en tête sur comment transformer un piano en arme, ce qui n'est pas dur en soit.

- Je pourrais faire en sorte que le son du piano provoque éboulement et autres tremblements de terre, mais c'est bien trop cliché, transformer les ondes sonores en ondes mécaniques est vu et revu. Ce que je peux faire par contre, c'est permettre à celui qui joue ce piano de pouvoir hypnotiser ceux qui l'écoute. Ça reste cependant très classique aussi. Sinon, je peux armer le piano en le blindant d'armes secrètes et chaque note tirera un genre de projectile, ça, c'est déjà moins fréquent.

Et enfin, elle a encore une idée en tête, et c'est justement peut-être pour ça qu'elle est venue la voir, elle, Jill Sangvis Ferri, une fabriquante d'armes mais aussi d'équipements.

- Ou alors je peux faire en sorte que le piano s'entende plus loin pour que votre alter soit efficace, car je suppose que c'est pour ça que vous voulez une arme autour du monde de la musique, n'est-ce pas ?

Dit-elle avec un sourire enfantin qu'elle devait certainement trouver énervant, mais bon, si on pouvait plus rigoler ...

Comme je peux le constater, la jeune femme ne se laisse absolument pas surprendre par ma question et surtout, ne semble aucunement manqué d’imagination quand aux possibilités d’armement avec un piano. Je la laisse donc parlé, l’écoutant en silence, ne pouvant aucunement manqué son sourire enfantin à la fin. Pense-t-elle avoir triomphé en estimant avoir déjà une vague idée de mon alter ? Cela serait bien trop aisé. Trop plaisant pour elle, de lui laisser ainsi cette satisfaction.

“Justement non, je suis de ceux ne possédant pas d’alter hélas.” Un petit mensonge n’engage à rien et pourrait peut-être me permettre d’effacer son petit sourire de son visage si peu gracile. “Il s’agirait plutôt d’un moyen de défense pour mon appartement. Après tout, je ne m’imagine pas me balader avec un piano. Cela ne serait aucunement commode et surtout, réalisable.” Je reste après tout une frêle et délicate jeune femme. “Dès lors, je pense que c’est votre avant-dernière idée qui serait la plus appréciable. Mais j’aimerais que cela évite de détruire mon appartement en cas d’utilisation.” La mener en bateau ? Oui un peu, même si en même temps, cela ne serait pas forcément une mauvaise idée que d’avoir un moyen défensif pour mon appartement. Après tout, on ignore réellement qui peut rentrer chez soi. Il y a tellement de voleur, moi y comprit bien entendu, mais surtout de personnes stupides.

“Pouvez-vous donc m’expliquer plus en détail cette idée ?” Mon regard se veut alors inquisiteur, la défiant un peu du regard, alors même que c’est bien loin de ce que je veux en réalité. Il s’agit juste là, d’une façon de la tester, après tout, je ne serais pas désireuse d’acheter mes équipements et autres armes, chez le premier venu. Je préfère toujours avoir la meilleure qualité et bien entendu, je n’ai pas peur d’y mettre le prit, alors si cette fille arrive à me convaincre correctement, on pourra peut-être réellement parler affaire. Même si pour le moment tout ça, c’est juste une petite perte de temps.

“Pourriez-vous également me montrer la création dont vous êtes la plus fière ?” Un moyen de juger du niveau également, même si je n’ai point l’habitude de cet univers trop chaotique et sombre des armes. Mais je verrais bien comment elle m’en parle, si elle arrive à me vendre son talent.

Ce n'était donc pas une altérée ? Eh bien, tant pis, Jill ne compte pas se laisser faire pour autant, encore moins perdre son sourire, bien que la raison pour laquelle cette fille veut un piano armé, c'est pour défendre sa maison. Cependant, elle n'est pas dans une entreprise de sécurité pour domicile, elle est dans un magasin d'armes. Elle pourrait dire qu'elle a frappé à la mauvaise enseigne, qu'elle, elle fait pas dans le système d'alarme, mais pourquoi reculer face à un défi de ce genre ? Et puis, ça pourrait être intéressant de pouvoir créé une arme qui ne sert qu'à protéger un endroit, même si ça reste limité et donc les possibilités restantes sont plutôt ennuyante et pas très fun. Enfin, puisqu'elle voulait son piano armée, elle l'aurait, ce n'est pas ça qui va manquer.

- C'est sûr qui va falloir changer un peu la forme du piano à queux si vous voulez pouvoir le transporter, mais cela reste tout de même réalisable d'avoir un piano qui vous suit, mais c'est sûr que ce sera pas le plus discret. En tout cas, c'est une contrainte bien compliqué que vous me proposez là, je ne fais pas dans le système de sécurité. Mais bon, il semblerait qu'il va falloir que je vois quelle arme mettre dedans pour éviter de transformer votre appartement en gruyère.

Elle se met à réfléchir, elle voulait avoir plus de détails pour cette idée, mais il va falloir qu'elle réfléchisse encore un peu tout ça. Quelles armes pouvoir mettre dedans ? C'est une bonne question, mais en tout cas, elle peut expliquer le fonctionnement.

- Eh bien, je peux faire en sorte que, selon la cadence, la puissance de chaque note et l'enchaînement de notes, votre instrument s'habituera et sortira une arme adapté à votre manière de jouer, une arme tirant des projectiles en rafale si vous jouer une longue mélodie aux notes aiguës ou une autre qui tire de gros projectile de manière lente mais très puissante. Cependant, si c'est vraiment pour protéger votre appartement, c'est pas très adapté, il va falloir que je réfléchisse à comment armer votre piano.

Enfin, après lui avoir expliquer le fonctionnement de l'arme, elle voulait maintenant savoir quel est l'arme dont elle est la plus fière, venir la voir pour certainement connaître les véritables compétences de Jill. Cependant, elle ne peut pas la montrer ici, déjà parce que si elle l'avait encore, elle ne pourrait pas le faire entrer ici, mais aussi parce qu'elle ne le possède plus, mais elle a encore une photo il lui semble.

Retournant derrière son comptoir, laissant le robot sauter de son épaule pour se mettre assis sur le comptoir en fixant la bourgeoise avec son oeil unique, presque en remuant sa queue fictive. Il fallu quelques secondes pour Jill avant de retrouver un ancien prospectus sur lequel une de ses anciennes inventions étaient au centre de l'image, un prospectus en espagnol, avant de le glisser devant elle.

- C'est celui-là, ce n'est pas le plus exotique, ni même la plus puissante arme que j'ai construite, mais c'est celui-là, le canon Jupiter. Ce canon possédait une puissance de feu suffisante pour réduire un char en miette et abattre en un coup un immeuble de 10 étages, mais ce n'est pas pour sa puissance que je suis fière de cette arme, mais son utilité ...

Bon, elle ne lui a pas non plus expliqué qu'elle ne pourra pas reconstruire - en tout cas, pas maintenant - une merveille pareille, mais c'est pas ce qu'elle lui a demandé.

C’est avec un silence presque religieux que j’écoute la jeune armurière. L’écoutant ainsi me développer une arme dont, je n’aurais en réalité aucune utilité. Mais n’est-ce pas là un moyen de bien tester les capacités de cette jeune femme un peu trop enfantine à mon goût ? Enfin, on m’a si souvent répété qu’il ne fallait pas porter un jugement hâtif… C’est pourtant si difficile, mais en même temps, j’aurais fait cela, je serais déjà ressortie de sa boutique en prétextant m’être trompée ou qu’on m’avait mal renseigné. Je fais un sacré effort quand même là !

Lui expliquant alors pourquoi je voudrais ce piano. Un but défensif, tout ça pour effet son sourire et ne pas lui donner trop facilement raison. Je l’écoute alors, répéter une nouvelle fois qu’il ne faudrait pas que ça ruine mon appartement. En effet, si j’achète quelque chose, ce n’est pas pour avoir ensuite besoin de déménager à tout bout de champs à cause de cela. Enfin, dans le cas, où effectivement je comptais réellement acheté cela. Se rend-elle compte que je lui fais perdre son temps ? Non visiblement pas. En même temps, elle doit chercher à me satisfaire pour tenter d’avoir une nouvelle cliente et elle doit bien se douter que je ne manque pas de moyen. Probablement pas comme la moitié,voir le trois quarts, des personnes qui viennent la voir.

Je me baisse alors un peu sur le comptoir pour voir la photo qu’elle me monte, écoutant ses explications sur cette arme au nom un peu trop poétique. Pourquoi toujours donner des noms de Dieu à des armes ? C’est d’un commun et surtout, tellement prévisible. Je pose mes doigts sur la photo et la tire un peu vers moi pour la regarder plus en détail. Je n’y connais rien, mais feindre est ma spécialité.

“J’avoue ne pas comprendre pourquoi vous avez fabriqué une telle arme, mais je suis forcée de reconnaître que vous avez du talent. On va peut-être pouvoir réellement parler affaire alors.” Je repousse alors un peu la photo vers elle tout en me redressant. Je plonge alors mon regard dans le sien, un fin sourire sur les lèvres.

“Je vous ai menti. J’ai bel et bien un alter lié à la musique.Et je ne compte aucunement équiper mon appartement avec un piano de défense, c’est trop excessif. Je voulais juste vous tester. Alors, reprenons depuis le début, si vous le voulez bien.” Je penche alors un peu la tête sur le côté d’une certaine façon amicale.

Bien qu'elle paraissait s'y connaître, Jill a l'impression qu'elle essaie de s'y connaître. Bon, si ça se trouve, c'est juste une mauvaise intuition, en même temps, elle n'a pas eu beaucoup d'occasion de s’entraîner à détecter ce genre de chose, enfin, elle ne va pas se plaindre, elle arrive à contre-carrer cela en usant de son intelligence, et puis, si quelque chose lui prend trop la tête, elle ne se gêne pas plus que ça pour le montrer, bien évidemment avec le moins de scrupules possibles, mais c'est autre chose encore. En tout cas, Jill accepta quand même ce compliment, après tout, peu de gens acceptent de lui en faire alors que, pourtant, elle fait du travail exemplaire, enfin, c'est ce qu'elle pense, et puis, aux yeux de la loi ... En tout cas, elle revient très vite sur ses paroles en disant qu'elle avait en réalité bel et bien un alter lié à la musique, et le sourire de Jill se faisait encore plus grand en entendant ça.

- Ah, je me disais bien ! Et ça m'arrange un peu je vous l'avoue car je n'aime pas vraiment faire des systèmes de défense.

Enfin, maintenant qu'elle savait que son alter était lié à la musique - enfin, elle le savait, mais elle n'en avait pas la confirmation -, elle peut retravailler son idée. Jill l'observait donc et se demandait du coup comment fonctionne son alter, mais elle ne risque pas d'avoir une réponse en l'observant juste. Mais bon, peut-être qu'en lui demandant juste, elle peut avoir plus de réponses.

- Du coup, souhaitez-vous vraiment une arme construite à partir d'un piano ? Et en quoi consiste votre alter ?

En tout cas, elle pouvait déjà partir sur un piano portatif, mais ce n'était que trop basique encore.

La jeune femme ne semble pas avoir mal pris mon petit mensonge. Encore heureux pour elle, sinon, elle aurait tout simplement perdue une cliente. Surtout que je pense que je pourrais devenir une bonne cliente si son travail me satisfait réellement, et comme je ne manque pas réellement de moyen grâce à l’argent que papa et maman me versent toujours étant donné mon statut d’étudiante. Sans compter les revenus des quelques contrats que j’acceptes et des vols que je m’amuse à faire de temps à autre.

Ainsi, elle accepte tout bonnement que je l’ai fait réfléchir pour rien et me demande dès à présent bien plus d’information sur mon pouvoir. Chose logique, même si j’avoue ne pas réellement avoir envie de m’étaler sur ce sujet. Ignorant si l’armurière est réellement digne de confiance à ce sujet-là. Néanmoins, si elle ne l’était pas, on ne me l’aurait pas conseillé, je pense ou alors elle joue réellement bien double jeu.

Se méfier de tout le monde, c’est au final, l’inconvénient d’être du mauvais côté de la loi. L’observant alors un instant sans dire un moment, je réfléchis, parce que parfois, une démo vaut bien mieux que des mots, mais ai-je réellement envie d’expliquer mon pouvoir à ce point-là ? Pas réellement. Alors que faire ? Que dire ? Je reste silencieuse un bon moment, observant le robot-chien.

“Disons que je peux user d’un instrument ou simplement de ma voix pour utiliser mon alter, du moment que ça reste musical. Du coup, je pense qu’il faudrait que ça soit quelque chose de transportable, assez discret et qui me permette de faire de propager mes sons plus loin et de façon plus efficaces. Quelque chose de simples pour commencer au final. Et si votre travail me satisfait réellement, je n’hésiterais pas à revenir.”

Son alter est vraiment orienté autour de la musique, et non pas avec le son, donc elle a bien fait de ne pas lui proposer un mégaphone comme arme et de rester dans l'optique du piano. Cependant, une nouvelle contrainte vient se rajouter : elle voulait que ce soit discret, donc son idée de faire un piano à réacteur tombe à l'eau, mais c'est pas grave, elle pourra toujours se rabattre sur un autre instrument, après tout, des instruments portatifs, c'est rependu, elle a juste à en modifier quelqu'un. Enfin, elle voit ses yeux se river sur le robot chien qui continuait de la fixer avec son oeil unique qui s'ouvre et se ferme comme s'il zoom et dézoom pour mieux voir la demoiselle en face.

- Il est mignon n'est-ce pas ? C'est moi qui l'ai fait !

Dit-elle, presque toute fière et resplendissante d'étoiles, avant de se concentrer sur son "arme" pour combiner son alter et pouvoir l'utiliser pour répandre sa musique, ce qui est plutôt simple en fait, il faut juste qu'elle se décide pour la forme, et éviter que le boost déforme la musique. Elle réfléchit un instant, puis décide de quand même lui laisser le choix de l'instrument.

- Avez-vous un instrument particulier en tête ? Même en me limitant à la musique classique, j'ai tout de même un sacré panel de choix après tout, même en version "portatif" si vous voyez ce que je veux dire.

Après tout, c'est elle la connaisseuse en instrument, pas Jill, et si ça ne tenait qu'à elle, elle l'aurait fait son piano portatif, et aurait même pu faire en sorte qu'il soit discret.

Mignon n’est clairement pas le mot que j'emploierais pour désigner cette chose, mais bon, on va éviter de risquer de froisser la demoiselle. Je lui adresse alors un léger sourire. “Oui, il est mignon.” Mensonge, mais elle finira bien par s’habituer à ce que je lui mente, comme tout un chacun. Après tout, tant qu’elle ne possède pas un alter de télépathie ou de détection de mensonge, elle ne risque pas de le savoir. Puis de toute façon, ça ne changerait pas grand chose à sa vie.

Parlant maintenant de mon premier projet en sa compagnie, je l’écoute alors me demander une nouvelle fois de plus amples informations, enfin, plutôt des précisions. Car il est vrai que cela serait assez ennuyant si elle travaillait sur un instrument que je ne maîtrise pas. Autant le violon, ça pourrait le faire, mais le violoncelle… enfin, de toute façon, c’est hors catégorie étant donné que celui-ci est bien moins portatif que le premier. Puis concernant les instruments à souffle, comme les flûtes, l'harmonica, j’avoue ne pas réellement excellé, bien qu’il reste quand même une possibilité dans ce domaine.

“Soit le violon, soit le mélodica, je pense.” J’avoue être quand même un peu indécise concernant ce point là. Même si je me suis déjà entraîné sur le violon, il n’en reste pas moins que je suis bien plus douée pour le piano et en ça, le mélodica en est plus proche… Mais elle aura qu'a tranché, décidant ainsi lequel est le plus avantageux pour ses créations, quitte à me fournir le second plus tard.

“D’ailleurs, que j’y pense, qu’en est-il de votre politique de confidentialité ?” A-t-elle des fiches clients ? Y-a-t-il des risques qu’en passant par elle, on puisse remonter jusqu’à moi réellement ? Est-elle du genre à balancer ses clients aux autorités si les bonnes questions sont posées ? Elle ne semble pas extrêmement crapuleuse, un avantage comme un défaut, quand on a une double vie comme la mienne.

Un autre sourire s'affiche sur les lèvres de la fabricante d'armes, ainsi elle trouvait son robot mignon - ou alors elle mentait juste pour faire plaisir à la latino, mais elle n'avait aucuns moyens de le savoir sauf en sortant un détecteur de mensonge -, elle pourrait donc lui en livrer un qui la suivra partout, même dans sa maison, et qui servirait à transmettre des messages ou juste à lui tenir compagnie, mais ça, c'est pas encore en cours, pour le moment, ce robot chien est unique en son genre, il va falloir qu'elle attende un moment avant d'en fabriquer d'autres ... surtout que ce n'est pas ici qu'elle trouvera des personnes qui en voudrait. Enfin, elle voulait en savoir plus sur quel genre d'instrument elle préfère, ainsi, soit elle veut un mélodica, soit un violon, les deux sont faisables.

- Un violon ou un mélodica donc ... très bien, j'ai déjà de la matière. Voulez-vous que je rajoute quelques fonctionnalités en plus ou vous voulez juste pouvoir rependre l'effet de votre alter sur une zone plus large et n'importe où ?

Après tout, ce serait dommage de lui faire un gadget qui ne lui convient pas, un gadget trop dangereux ou pas assez est un mauvais gadget, et puis, elle doit aussi garder en tête qu'elle ne connaît pas l'effet de son alter. Cela peut-être un genre d'hypnose comme ça peut être un pouvoir proche du sien, capable de donner des migraines, voire être à l'origine d'onde sonique pouvant faire trembler des immeubles entier, des effets d'un alter tourné autour de la musique, il y en a des tas après tout.

- Mes politiques de confidentialité sont simples : vous serez aussi anonyme que s'il s'agissait d'un secret médical. En tout cas, que ce soit la police ou des héros, personne ne saura que vous êtes en possession d'un gadget de ma fabrication - je ne suis pas une de ses inventrices qui met une signature sur chacune des armes que je créé ou qui revendique la création de mes œuvres -, ni même que vous étiez une de mes clientes. Encore faut-il déjà qu'on vienne jusqu'ici pour essayer de me le demander.

Elle hausse les épaules, personne n'ose lui poser la question, de toute manière, elle peut faire semblant de ne rien savoir du tout. Si elle balançais tous ses clients, quelle fausse pub cela lui fera.