Ma tasse de thé en main, je termine tranquillement de la siroter alors que l’on vient de me proposer un contrat. Pas à mon goût. Mais surtout où mes talents ne seront pas mis en avant. Alors, c’est d’un ennui mortel. Je viens donc de décliner cet offre. Ils trouveront bien une autre personne pour accepter cette requête. Pour ma part, c’est bien volontier que je passe mon tour, même si j’avoue que je suis un peu en manque d’adrénaline pour le moment. Le train-train quotidien de la vie d’étudiant est réellement très ennuyant. Enfin, avec la période des fêtes de fin d’année qui approche, j’aurais bientôt le loisir de profiter de quelque jours de repos tranquillement ou presque, étant donné la magnifique période de stress qui arrive juste après et qui me réjouit déjà. Les examens.

Je pose maintenant ma tasse de thé sur la table entre l’homme et moi. “N’hésitez pas à faire appel à moi pour d’autres propositions qui nécessiterait réellement mon implication, pas comme ce vulgaire larcin.” Et oui, il y a bien un gros sous-entendu pour laisser entendre que moi, The Musician, je ne suis pas d’un si bas niveau. Petit air hautain sur le visage, qui me caractérise tant.

Je récupère alors ma veste, que j’enfile rapidement avant d’enrouler mon écharpe autour de mon coup. L’hiver est là, rude certain jour et bien plus clément d’autre. Aujourd’hui est un jour froid et pourtant, je porte quand même une robe. Masochisme pour une féminité non feinte. Il faut souffrir pour être belle. Un adage que j’applique bien trop souvent hélas. Mais le résultat est là. Car je me trouve au dessus de la moyenne, ne ressemblant pas à un pot de peinture comme certaines, n’étant point vulgaire ou outrancière. Je suis juste belle et féminine.

Je quitte alors le lieu de rendez-vous, je peux regagner mon appartement, même s’il n’est pas réellement à côté. Vraiment me déplacé pour refuser un boulot. Mais en même temps, le faire par téléphone est quelque chose d'impossible. Trop de risques, alors que si il n’y a aucun mail, aucun appel, il sera bien plus compliqué de me relier à eux. Prudence est mère de sûreté comme on dit. Enfin passons.

Parce que mon regard est attiré par tout autre chose. Une lueur bleuté au fond de la rue et surtout… Une sale odeur de porc grillé. Oh joie. Je devrais passer mon chemin, éviter d’entrer là, mais je peux pas résister à cette légère montée de stress et dés lors, je m’approche. Pénétrant dans cette ruelle sombre pour tomber face à un homme et un tas de cendre. Il semble avoir fait barbecue tout seul. Pauvre de lui.

Silencieuse, j’observe le tas de cendre, l’envie de grimacer bien présente à cause de cette puanteur de corps cramé. Réellement détestable. Puis cet homme, qui agit comme si de rien était. A sa place, j’aurais fait en sorte de faire taire le témoin, pour n’avoir personne qui puisse me relier à cette affaire. Mais il semble s’en contre-faire totalement. Comme si je ne pouvais pas être une menace. Bon, en même temps, je me vois assez mal allez balancer quelqu’un, surtout en étant dans ce quartier, parce que j’ai pas spécialement envie qu’on me demande pourquoi une fille de mon rang se trouvait là. Cela serait bien trop suspect et surtout, pourrait bien me provoquer quelques ennuies que je préfère, étrangement, éviter autant que possible.

En réalité, il se contente d’une mise en garde. Possiblement en me pensant sans défense ou quelque chose comme ça. C’est quoi tout ses hommes qui pensent être des gentlemans alors qu’ils sont bien loin d’avoir ce qu’il faut pour. Il ne suffit pas de quelque mots, c’est bien plus, c’est autant dans la manière d’être que dans les origines. On ne verra que très rarement une lady venir du bas peuple. “Si tous les tueurs que je croisent agissent de la même manière que vous, je ne crains pas grand chose visiblement.” Laisse-je alors entendre alors qu’il jette sa cigarette par terre. Mes iris captant les siennes pendant un bref instant.

Il me propose alors de l’accompagner au restaurant. Vraiment ? J’arque un sourcil en croisant les bras tout en le suivant du regard. “Allez au restaurant alors que vous puez le cochon brûlé ? Je suis navrée, mais c’est une odeur que je ne trouve aucunement alléchante. Je dirais plutôt qu’elle me donne la nausée.”

Je lui passe alors devant, le regardant en coin alors que je m’avance pour quitter cette ruelle. J’ai pas spécialement envie qu’un autre passant agisse comme moi et me trouve là. Cela viendrait à me compliquer la vie inutilement. “Mais si bien entendu, il y a l’option que vous alliez prendre une douche avant, je pourrais reconsidérer mon refus.” Après tout, refuser une invitation au restaurant, est-ce quelque chose que l’on peut réellement se permettre ? Certes, dans ma condition, je pourrais facilement, mais ne faut-il pas chercher à se faire bien voir en tout temps et par tout un chacun ? Ce n’est qu’un jeu de rôle au final pour lui comme pour moi.

J’arque un sourcil en le voyant s'asperger un peu de parfum. C’est plutôt tout le flacon qu’il devrait se verser dessus pour être certain de ne plus sentir le cochon grillé. Mais alors là, il sentirait la cocotte et ça ne serait pas forcément mieux. Ça piquerait même les yeux. Trop de parfum, tue le parfum. Puis de toute façon, ne lui a-t-on pas dit que le parfum, c’était un supplément, quelque chose pour sentir bon et non pas pour couvrir une odeur ? Cela me désespère un peu. S’il pense que cela va suffir pour que je daigne aller au restaurant avec lui, que nenni.

Il me propose alors une solution. Ah oui, lui, il ne va réellement pas par quatre chemins. Une chambre d’hôtel ? Carrément ? Il m’a prit pour une vendeuse de tabouret ou quelque chose dans le genre où bien suis-je entrain de rêver ? Je le fixe, incrédule qu’il ose me proposer une telle chose. Ai-je réellement l’air d’une fille facile, qui accepte d’aller dans une chambre d'hôtel avec le premier venu ? Non de Dieu, je ne suis absolument pas cela !

L’homme se met alors à me faire la courbette pour se présenter. Castelo Lawrence. Tant mieux pour lui ! Mais merde, foutue bonne manière, je dois lui répondre. Suis-je réellement obligée ? Je n’en ai absolument pas envie. Non, j’ai qu’une envie, l’envoyer balader ! C’est risible.

“Torsten. Evy.” Soufflais-je alors assez à contre coeur alors que je continue de le regarder, le toisant un peu du regard. “J’ignore si le saugrenu tient compte de ce qu’il s’est passé dans la ruelle ou bien, que vous m’insulter de filles faciles en espérant que j’accepterais d’aller dans une chambre d'hôtel avec vous.” Il faut bien que je tente de mettre les choses au clair avec lui tout de suite. D’ailleurs pourquoi ai-je accepté cette proposition de dîner avec lui ? Je devrais réellement décliner maintenant qu’il laisse supposé un plan foireux.

Il se met alors à estimer savoir des choses sur moi. De pire en pire. Je peux le planter là ? Tourner les talons et me casser pour rentrer chez moi ? Non ? Pourquoi ? Ah oui, toujours dans l’optique de faire bonne figure. Rah, j’en ai marre. Pourquoi est-ce que je tombe sur un gars comme ça.

“Je ne crois pas non. Je ne fais pas là dedans.” Je n’en dis pas plus. Il tire maintenant les conclusions qu’il veut alors que je le suis malgré tout vers sa moto.

Ah ouais. Non. Là, c’est pas possible. Je monterais pas là dessus. J’ai pas non plus la tête à monter sur ça. Il a cru quoi ? Vraiment. “Plus rapide, mais aucunement digne de filles comme moi.” Prétencieuse ? Oui et alors ? Cela se voit bien à ma tenue non ? Je suis bien coiffée, maquillée de façon simple, mais efficace, mais surtout, je ne porte pas des vêtements sans valeurs. Puis vous avez déjà vu une fille en robe sur une moto ? Moi, jamais et je n’ai pas envie d’être la première à tester cela. Je croise alors les bras,bien décidé à lui faire comprendre que je ne monterais pas sur son deux roues.

Un sourcil arqué, mon regard clair toujours posé sur lui. Je l’observe alors qu’il passe ses coups de fil. Non, mais je rêve ? Non seulement, il me traite de vendeuse de tabouret, pour ensuite chercher à me faire monter sur une moto et maintenant, je me retrouve à attendre que monsieur termine ses appels. Enfin, encore heureux pour lui, c’est pour solutionné le problème de déplacement jusqu’au restaurant-hôtel, même s’il ne semble pas avoir pensée à la possibilité qu’on s’y retrouve plus tard. Mais peut-être à-t-il peur de me laisser filer et de me voir lui poser un lapin, ou pire, envoyé les poulets à ce rendez-vous ? C’est peut-être cela son idée, faire en sorte que je sois vue avec lui dans des lieux bien fréquentés et avec caméra pour me faire passer pour sa complice si jamais il me venait à l’idée de le dénoncer ? C’est, je suis forcé de le reconnaître, pas si stupide que cela.

“Je pense surtout que l’odeur ne vous dérangeait pas. Vous ne sembliez pas l’avoir remarquée jusqu’à ce que je vous la signale. En même temps, on ne sent rarement pas ce qui est arrivée progressivement.” Enfin soit, je n’ai pas particulièrement envie de partir dans un débat sur ce sujet des plus ennuyeux. Fort heureusement pour moi, sa voiture arrive, beaucoup plus vite que prévu. Habite-t-il pas trop loin d’ici ? Fort possible, s’il fait partie d’un groupe criminel, il ne risque pas d’être souvent loin de ce quartier, contrairement à moi. Mais peut-être que je me trompe, sait-on jamais.

“Peut-être est-ce parce que vous avez l’habitude des filles faciles et qui vous dise toujours oui.” Lançais-je alors avant de disparaître dans la voiture. Ne jamais monter dans la voiture d’un inconnu. Une phrase que mes parents m’ont très souvent dites et que pourtant, je ne semble pas avoir retenue étant donné l’aventure dans laquelle je semble m’être engagée. Si cela se trouve la destination ne sera absolument pas le restaurant, mais un caniveau quelque part. Enfin, qui ne prend pas de risque, ne s’amuse pas comme j’aime à le penser !

Nous arrivons assez rapidement à destination une nouvelle fois et il tente réellement de jouer les hommes galant en m’ouvrant la portière. Pour ensuite me poser une question sur ma présence et mes origines. “J’aime comment vous êtes rapide en conclusion. Parce que je suis blonde, je ne suis pas américaine ? Ai-je un accent étranger peut-être ? Car sachez que je suis né ici, en Amérique, je n’ai vécu que dans ce pays, alors, je me passerais bien de ce titre d'étranger. Car je pourrais faire comme vous, et vous juger d’étranger. Castelo n’est pas très ricain. Ou alors, peut-être d’Amérique latine. Mais en aucun cas des USA.” Un moyen de détourner l’attention pour ne pas expliquer ma présence dans ce quartier de pauvre et de malapris. Dans tous les cas, j’ai déjà une très grande possibilités de réponses mensongères à lui servir.

Le bâtiment s’approchant enfin, j’allais bientôt être libérée de cette odeur désagréable qu’il trimballe sur lui. Un alter plus qu’ennuyant, empêchant de sentir la rose. Mais je me doute bien qu’il y a bien pire. Vu la prolifération des pouvoirs, et l’unicité de chacun, peut-être y-a-t-il quelque part, une personne possédant un alter de transformation en putois. Une idée qui ne m’enchante guère et surtout une personne que j’espère ne jamais rencontré. Le fumet de cochon grillé me suffit déjà amplement.

Je ne suis alors pas convaincue par les dires de l’homme, qui prétend ne point apprécier la garder sur lui. J’estime alors qu’il ne cherche qu’à donner le change, à se faire tout simplement bien voir. Pourquoi ? Cela je ne sais point.

Répondant alors à mon questionnement, je l’écoute en hochant simplement la tête de bas en haut. “Suédois en effet.” Comme il l’avait laissé entendre, je n’allais pas le laisser poireauter et tergiverser à ce sujet, autant lui donner directement la clef de mes origines. Il clos d’ailleurs cette conversation pour le moment, désireux, visiblement de la reprendre plus tard, une fois revenu de sa douche. J’acquiesce alors tout simplement.

Le laissant partir, j’observe maintenant plus en détail la pièce dans laquelle il m’a conduite. A croire qu’il me prend pour une enfant qu’on a besoin de mettre en garderie pour ne pas qu’elle fasse de bêtises. J’aurais réellement préférée attendre au bar ou alors déjà à la table en sirotant un cocktail plutôt qu’ici. Mais soit, s'adossant au mur, je croise les bras en observant les diverses personnes, surtout les enfants, présent dans cette pièce.

Il revient alors, me sauvant de cette pièce dans laquelle il m’a laissé attendre comme une idiote. Je m’empresse ainsi, de saisir son bras qu’il me propose, pour marcher à ses côtés, n’en ayant rien à faire des regards que les autres pourraient jeter sur nous et surtout de l’image renvoyer à cet instant précis.

“Longue non, désagréable oui. Je ne suis point une enfant, alors vous auriez pu simplement me laisser m’asseoir à notre table ou au près du bar.” Il pourra bien me trouver chiante que cela n’aura aucune importance pour moi, c’est lui qui s’est proposé de m’offrir le restaurant et surtout qui ne cesse de faire des bourdes en ma compagnie.

M’installant sur ma chaise grâce à son aide et sa politesse, qui semble être arrivée en même temps que la douche visiblement. Je pose mes deux coudes sur la table, joignant mes mains sur lesquelles je pose mon menton, ne cessant guère de le regarder. “Vous êtes de meilleurs compagnies maintenant.” Lançais-je alors, un petit sourire en coin.